Le ballast est un élément essentiel dans la composition d’un bateau. Il garantit stabilité et équilibre au voilier qui, sans ballast, sortirait de l’eau comme un bouchon ! Pour comprendre comme il fonctionne, il faut remonter bien des années en arrière lorsque les premières études sur la flottabilité d’un bateau ont été réalisées. Dans l’histoire de l’Humanité, on comprit très vite les bases du principe de flottaison. Un tronc d’arbre flotte, mais un tronc d’arbre creusé flotte mieux. En effet, en incluant de l’air dans le volume immergé, l’embarcation flotte plus. On améliora d’ailleurs ce système en associant plusieurs planches les unes à côté des autres, de manière à donner une forme de coque de noix. De cette manière, on pouvait enfermer une bien plus grande quantité d’air, ce qui augmente encore la flottabilité de l’embarcation. On pouvait donc transporter beaucoup plus de marchandises en tout genre.
L’histoire du ballast, une question d’équilibre et de stabilité
Très vite, un problème assez absurde se posa : Les bateaux flottaient trop. Cela peut paraître absurde car, après tout, ce qu’on demande à un bateau, c’est avant tout qu’il flotte. Mais la forme du bateau posait problème. À cause de sa forme en V, trop peu de surface de la coque était en contact direct avec l’eau. C’est un peu comme si quelqu’un essayait de marcher sur un doigt de pied. Mis à part le fait que le doigt de pied pourrait casser, la personne ne serait pas stable car le doigt de pied a une trop petite surface au sol, comparé au pied entier.
Vint alors l’idée de changer la forme de la coque. Les drakkars ou les felouques optèrent pour un fond plat, leur permettant de gagner en stabilité. Ces bateaux étaient parfaitement adaptés pour les rivières ou les mers peu agitées. Mais dès que la houle se levait, que les vagues étaient trop grosses, le navire s’écrasait bien trop violemment sur l’eau, ce qui pouvait le casser. En effet, la forme plate de la coque fait subir à cette dernière de bien plus grands chocs que si elle avait une forme plus biseautée. C’est un petit peu comme quand quelqu’un saute depuis un plongeoir. Cette personne subirait de bien plus gros dégâts en faisant un plat, qu’en plongeant à la verticale. Il fallait donc que le navire puisse pénétrer dans l’eau, tout en flottant de manière stable. La forme de la coque avec un fond pointu est donc préconisée.
Figure 3: Lorsqu’un bateau à fond plat heurte le sol, il subit de lourds dégâts
C’est alors que vint l’idée de lester les embarcations. Mais là encore, il faut faire attention à plusieurs choses. D’abord, le poids de ces lests. Trop de poids, et le bateau coule. Pas assez, et le bateau flotte trop. Même si cela paraît évident, il fallait le préciser. Ensuite, l’emplacement des lests. Il fut très vite décidé de les placer de part et d’autre de l’axe central, pour corriger la gite du bateau. Et si les premiers lests étaient constitués de terre ou de sable, une autre option prît le dessus à la fin du XIXe siècle : l’eau de mer. Il était maintenant possible de remplir et de vider les cuves au gré des nécessités, notamment à l’aide de pompes.
D’où vient le nom « ballast » ?
Le mot ballast viendrait en fait d’Angleterre, dans les années 1520. Pour désigner un matériel lourd et inutile sur un bateau, les navigateurs utilisaient le mot « bar-last ». « Bar » pouvant être rattaché au mot de l’anglais du Moyen-Âge « bare » ou « mere », qui signifie « simple ». « Last », quant à lui, réfère plutôt à une « charge ». Ainsi, « Bar-last » désignait une « charge simple », un poids lourd qui ne revêtait pas d’une grande importance, à ne pas confondre avec les marchandises, des poids lourds très importants. « Bar-last » aurait ainsi dérivé en « ballast », et désigne aujourd’hui les réservoirs d’eau de grandes contenances servant à gérer la stabilité et l’assiette du bateau.
Quels ballasts sur le bateau Groupe Berkem ?
Le bateau Groupe Berkem d’Edgard Vincens possède deux ballasts à bord. Pour accroître sa vitesse et sa stabilité, le bateau a été équipé d’un ballast à bâbord et l’autre à tribord. Le skipper a entièrement la main sur le remplissage grâce à une pompe présente sur le bateau.
Ils ont chacun une capacité de remplissage de 750 L et comprennent deux compartiments. À noter que les deux ballasts ne sont jamais remplis en même temps. Le volume de remplissage est géré en fonction de plusieurs facteurs : la force du vent, l’état de la mer mais aussi en fonction de l’armure du bateau. Parfois, il y aura besoin de poids sur l’avant et d’autres fois sur l’arrière, c’est pourquoi avoir deux ballasts est une nécessité pour gagner en performances et en stabilité.
